Concours de nouvelles 2015

1er Prix "Juniors"

ÉTERNEL RECOMMENCEMENT de Solène BERTRAND

 

Dans un noir d’encre, une lueur vient de s’allumer. Comme un feu de joie, elle grossit et luit. Petit à petit, elle s’installe sur la toile couleur de deuil. La joie des instants passés se volatilise, pendant qu’Elle s’installe. Il l’a traquée, pourchassée. Les blessures d’une querelle passée se sont rouvertes. Bientôt, elle se vengera.

Sur un voile d'un bleu aveuglant, une boule incandescente. Elle brûle et éblouit. Il a échoué. Il l’a désirée, mais Elle l’a rejeté. Il l’a poursuivie jusque dans l’immensité étoilée. Il se sent humilié, bientôt, le Seigneur du Ciel sauvera son honneur et refermera les blessures du passé.

Tous les vassaux, petites lueurs insignifiantes, tremblent de peur, dans l’attente. Les monarques se jaugent, se tournent autour prêts à se battre. Même en bas, les Hommes observent le Ciel, terrifiés.
Aucune issue à ce combat, et pourtant Ils se préparent. Ils se battront jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu’Ils voient l’étendue de leur erreur. Dans la Terreur ils plongeront l’Humanit

Tout le monde a peur, mais le temps s’étire. L’obscurité laisse place à une aube grise.
La tension est palpable. Hommes et bêtes se terrent. Mais le choc ne vient pas. Las de leurs disputes, les deux Titans se sont assoupis. Le salut est pourtant impossible. Le Destin frappera, les réunissant dans un amour éperdu ; les séparant dans une haine violente, afin de rengager leur lutte.

Trente-trois jours pour mettre à l’abri le Monde.br> Des profondeurs de l’abysse, des monstres oubliés remontent, attendant l’heure fatidique.
Tout n’est que rage et sang, ici-bas la haine monte. Personne ne peut enrayer l’Apocalypse.

Dans une aube rouge sang, dans l’ombre d’un Titan ; elle veille, prête à mettre son plan à exécution. Bientôt.
Les Hommes se dressent, observent. Tout disparaît. Sans prévenir, le noir. Tout est sombre, la Mort. Plus aucun bruit, la Terreur.
Rien, rien que le vide et le néant.

Sur un voile couleur de Mort, une lueur d’espoir. Elle clignote, lutte puis meurt. Le Désespoir a tout englouti. La Terre s’est muée en pierres, et la Mer en feu. Tout est mort.

Aveuglés par leur colère, Hypérion et Séléné n’ont pas vu que par leurs futiles querelles, ils détruisent le Monde. Alors, bientôt, ils se séparent, s’observent, se serrent et s’embrassent. Tous deux honteux, mais le cœur léger regagnent leurs demeures.

Tout n’a duré qu’une seconde, un battement de cils.

Tous tremblent, mais le mal est passé.
Les visions de Fin du Monde, oubliées.
La vie a repris son cours, inébranlable.
Dans le Ciel, les monarques honteux se trouvent sots.
Les Étoiles soupirent de soulagement, mais le cycle de la vie est immuable. Le répit ne dure jamais. Bientôt, les rancœurs rejailliront.
Ils se rebattront, encore et encore, comme cela dure depuis la Nuit des Temps.